lundi 27 septembre 2010

Congo-Kinshasa: Un rapport décrit la sauvagerie des viols de masse début août dans l'est

L'ampleur et la sauvagerie des viols de masse perpétrés par plusieurs groupes armés entre le 30 juillet et le 2 août dans la région de Walikale à l'est de la République démocratique du Congo (RDC) défient l'entendement, a déclaré la Haute commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, à la suite de la publication vendredi d'un rapport préliminaire sur ces viols par le bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) en RDC.
« Même dans l'est du pays où les viols sont un problème constant depuis ces 15 dernières années, cet incident met en lumière l'extraordinaire sang-froid et la manière systématique avec lesquels ces crimes ont été planifiés et exécutés », a ajouté Mme Pillay.
Au moins 303 civils ont été violés, pour la plupart plusieurs fois. Les victimes identifiées sont 235 femmes, 52 jeunes filles, 13 hommes et 3 garçons. Au moins 923 maisons et 42 magasins ont été pillés et 116 personnes ont été enlevées pour les emmener dans d'autres lieux où elles seront contraintes au travail forcé. L'équipe du HCDH a visité les 13 villages où ont été perpétrés ces crimes. Les experts estiment qu'il y aurait davantage de victimes non signalées, certaines d'entre elles se cachant toujours dans la forêt ou bien ont fui.
Les attaques se sont déroulées pour la plupart de nuit, sur une période de quatre jours, et ont été menées par un groupe de 200 hommes provenant de 3 groupes armés ; les Maï Maï Cheka, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des membres proches du Colonel Emmanuel Nsengiyumva, un déserteur de l'armée congolaise. Armés de mitraillettes AK 47, de grenades et de machettes, les agresseurs se sont présentés aux populations d'abord comme des protecteurs voulant assurer la sécurité des villages, avant de lancer des attaques par petits groupes.
Ils ont ensuite coupé les routes et pris le contrôle des collines alentours empêchant les populations d'alarmer la police ou les Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Alors qu'un groupe violait et pillait, un autre interceptait les personnes qui tentaient de fuir par la forêt.
Selon le rapport préliminaire du HCDH, les hommes du FDLR commettent des représailles sur les populations depuis 2009 aux motifs qu'elles seraient « pro-gouvernementales » et considérées comme des « traîtres ». Le HCDH fait le lien entre ces crimes et l'exploitation des mines. Les experts pointent aussi les faiblesses des Forces armées congolaise (FARDC) dans la prévention et la réponse à ces crimes.
« Le cycle d'impunité des violences sexuelles dans cette partie de la RDC doit être cassé », a dit Navi Pillay. Elle recommande que chaque victime « puisse avoir un soutien psychologique et médical » et « recevoir des réparations ».
« J'appelle la communauté internationale à procurer plus de soutien à la RDC », a-t-elle conclu.
Les FDLR ont également attaqué 19 autres villages au nord-est de Shabunda pendant les trois premières semaines du mois d'août. Plus de 210 viols auraient été commis. Le HCDH n'a pas encore été en mesure de confirmer ces cas et d'enquêter sur les circonstances exactes de ces crimes, à cause de l'extrême insécurité qui règne dans cette zone.

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